Cinema avec les élèves : Les rêveurs
Ce film est bouleversant à tous égards : par la tendresse du portrait de ces différents adolescents confrontés aux difficultés psychiques, aux risques pris pour leur vie, au mal être et au suicide, par le retour sur la violence qu’imposait les soins autrefois et les moyens plus humains mis en oeuvre aujourd’hui pour accompagner la détresse de la jeunesse.
L’art, l’écriture, le dessin, le théâtre, la musique ( la BO est fantastique) prennent une grande place dans ce film et donnent beaucoup d’espoir à une jeunesse pas toujours épargnée par la vie, qu’elle soit familiale et/ou sociale, négligée dans ses désirs et ses difficultés à aimer et être aimée sincèrement.
L’objectif est d’aider la jeunesse à traverser ce torrent d’émotions contradictoires qu’est l’adolescence, à mesurer la fragilité qu’elle représente en elle-même: l’une des aides les plus précieuses du cinéma consiste à pouvoir pleurer devant un film, à s’émouvoir et se consoler ensemble de la difficulté à maîtriser ses émotions, ses affects. Le cinéma parle de nos vies ordinaires, il nous rejoint là où nous sommes, il libère la parole, les rires et les larmes, c’est ainsi qu’il nous touche et nous fait grandir autant que l’éducation ou l’instruction, comme le disait le philosophe américain Stanley Cavell:
« Les riches et les pauvres, ceux qui ne se soucient d’aucun (autre) art et ceux qui vivent de la promesse de l’art, ceux qui s’enorgueillissent de leur éducation et ceux qui s’enorgueillissent de leur pouvoir ou de leur esprit pratique – tous se soucient du cinéma, attendent la sortie des films, y réagissent, se souviennent de ces films, en parlent, en détestent certains et sont reconnaissants pour d’autres » (S. Cavell, La Projection du monde, op. cit., p. 28-29)
Nous reparlerons de ce film- pour ceux qui le peuvent- le jeudi entre midi et deux jusqu’à Noël au CDI et nous tâcherons d’écrire une lettre à la réalisatrice et comédienne, Isabelle Carré. Elle met ici en scène son roman autobiographique avec une grande délicatesse et sensibilité, en n’oubliant jamais l'adulte dans l’enfant qu’elle a été , et l’enfant dans l’adulte qu’elle demeure. Dans le contexte politique de remise en question du remboursement des soins psychiques, ce film fait du bien et donne à espérer davantage de la collaboration des médecins, des malades qui ont recouvré la santé et des artistes qui aident au soin. ( arthérapie)





